Il est bien difficile pour les consommateurs de faire la part des choses. Le bio est-il vraiment meilleur ? Qu’apporte-t-il de plus à notre organisme ? A notre environnement ? En collaboration avec Claude Aubert, éminent spécialiste de l’agriculture, de la nutrition et auteur du livre « Manger bio, c’est mieux », nous essayons de vous apporter des éléments de réponses qui vous seront utiles au moment de faire vos choix.
Les produits Bio sont cultivés sans pesticides.
L’agriculture biologique optimise la rotation des cultures, et n’utilise que des semences non modifiées génétiquement. Elle n’a pas recours aux produits de synthèse tels que les engrais chimiques, les herbicides, les insecticides, les fongicides… et ses méthodes sont non polluantes. Par exemple, le désherbage est manuel ou mécanique pour préserver la fertilité des sols et la qualité des nappes phréatiques.
Le saviez-vous ?
- En France, on retrouve des résidus de pesticides dans 46% des fruits, 37% des céréales et 32% des légumes.
- En France, des résidus de pesticides sont détectables dans 49 % des aliments végétaux, dont 3 % dépassent les limites autorisées (source EFSA, 2016)
- On note la présence de nombreux pesticides des Français : métabolites des organophosphorés dans plus de 80% des échantillons de sang et d’urine (source InVS, 2011), plus de 21 résidus de pesticides perturbateurs endocriniens retrouvés dans les cheveux d’une trentaine d’enfants issus de zones agricoles (source ONG Générations futures, 2014).
- Dans ses recommandations les plus récentes, l’Anses (Agence nationale de sécurité de l’alimentation) indique que « la réduction des contaminations, des expositions et des risques doit passer par une modification des usages autorisés (par exemple réduction de doses ou de fréquence des doses appliquées pour les résidus de pesticides) » (source Anses, 2017).
- Le lien entre pesticides et de nombreuses pathologies est confirmé par plus de 160 publications scientifiques depuis 2008
Certaines études nord-américaines identifient également chez les agriculteurs les plus exposés une survenue de cancers plus importante, notamment cancer de la prostate, lymphomes, tumeurs cérébrales...
Les produits Bio sont plus denses nutritionnellement.
Les céréales complètes
- Le plus souvent à base d’aliments complets ou semi-complets, les produits bio contiennent plus de nutriments d’intérêt (fibres, magnésium, fer, cuivre, zinc, vitamine E, vitamine B3, etc…) à calories égales : leur densité nutritionnelle est plus importante.
- Grâce notamment à leur apport en fibres,: la consommation, même modérée (50 à 80g/jour) de céréales complètes permettrait de diminuer le risque de diabète de 26% et celui de maladies cardiovasculaires de 21%*.
* Sources : Qing Ye, 2012 ; Hu, 2012
Les autres nutriments (données issues de l’étude Dangour*) :
- Des tendances à des teneurs supérieures en magnésium, fer ou zinc,
- Des teneurs supérieures en vitamine C et en caroténoïdes pour de nombreux fruits et légumes,
- Des teneurs supérieures en antioxydants (polyphénols, tannins, anthocyanes) dans les légumes et fruits bio,
- Pour la viande, des teneurs plus faibles en lipides totaux, mais avec plus de lipides polyinsaturés, dont des oméga-3, très recommandés,
- Des teneurs supérieures en acides gras oméga-3 dans les laits et produits laitiers bio.
Les résultats de l’étude Dangour*
Comparant la valeur nutritionnelle des aliments Bio et conventionnels sont éloquents :
Le saviez-vous ?
L’épluchage des fruits et légumes élimine certes une partie des pesticides mals il diminue aussi considérablement l’intérêt nutritionnel, car une grannde partie des antioxydants est contenue dans la peau de ces fruits.
C’est la raison pour laquelle nous préconisons la consommation de fruits et de légumes Bio, lavés mais non épluchés (pommes, poires, pêches…)
Les produits Bio favorisent l’utilisation du végétal.
- Les produits animaux (viande, poisson, produits laitiers, œufs) sont des sources de protéines, de minéraux, de vitamines, de graisses principalement saturées.
- Les produits végétaux (céréales, légumineuses, fruits, légumes) apportent en plus des fibres, des substances protectrices, des graisses principalement insaturées.
- Les 2/3 de nos protéines sont d’origine animale contre 1/3 il y a un siècle.
- Nous consommons 90 à 100g de protéines par jour alors que nos besoins sont d’environ 60g.
La supériorité des protéines animales doit être relativisée.
Les protéines animales ont un équilibre entre les acides aminés essentiels qui correspond mieux à nos besoins que celui des protéines végétales mais en combinant des végétaux appartenant à des familles différentes (notamment céréales et légumineuses) on arrive à un équilibre similaire à celui des protéines animales. Il faut savoir que seul 0,2 % de la population n’atteint pas les apports minimaux recommandés en protéines (source Anses, 2017).
Les recommandations actuelles pour limiter le risque de maladies cardio- vasculaires sont basées sur une augmentation globale de la part des aliments d’origine végétale.
Les produits Bio, une garantie d’additifs limités.
Nous n’avons que peu de recul sur l’effet cocktail de tous les additifs alimentaires que l’on ingère quotidiennement. Un nombre limité d’additifs (pas de colorants, conservateurs, édulcorants de synthèse, etc…) est autorisé dans les produits issus de l’agriculture biologique. Faire le choix de produits bio, c’est aussi faire le choix d’une liste restrictive d’additifs. En effet en bio, on autorise seulement 47 additifs, presque tous naturels, contre 300 en conventionnel.
A titre d’exemple, voici un comparatif de deux îles flottantes commercialisées en France, l’une Bio et l’autre conventionnelle (celle-ci peut comporter plus de 15 additifs)
Les produits Bio respectent notre environnement.
Les impacts de nos modes d’alimentation sont nombreux et dévastateurs pour l’environnement :
- Contribution à l’effet de serre
- Contribution à la pollution par l’azote
- Perte de biodiversité
- Consommation d’énergie
Ce que nous pouvons faire pour diviser par 4 la contribution de notre assiette au réchauffement climatique :
- Manger Bio
- Diviser au moins par 2 notre consommation de viande, et par 4 celle de viande de ruminants (bœuf, mouton…)
- Consommer en majorité des produits locaux et peu transformés
- Limiter les déplacements en voiture pour les courses alimentaires
- Faire des économies d’énergie dans sa cuisine, par exemple…
Produits Bio, le prix en question !
L’écart de prix qui peut parfois exister entre les produits de l’agriculture biologique et ceux de l’agriculture conventionnelle s’explique par les différences dans les méthodes utilisées pour les obtenir. L’agriculture biologique nécessite une main d’œuvre importante (techniques de production, désherbage manuel…) et les rendements peuvent être plus faibles et plus irréguliers.
Ce qu’on a tendance à oublier, c’est que l’agriculture conventionnelle n’intègre pas les coûts indirects dans ses prix : effets sur la santé, dépollution, ni les subventions en amont. En en tenant compte, les produits conventionnels seraient probablement beaucoup plus chers. La comparaison entre les prix ne se fait donc pas sur les mêmes bases.
Pour conclure
Trop souvent associée à un phénomène de mode, la consommation de produits issus de l’alimentation biologique a des vertus santé souvent démontrées (s’appuyant notamment sur d’importants travaux de recherches) : apports nutritionnels supérieurs, limitation des pesticides et des additifs.
Et c’est aussi une consommation plus respectueuse des cycles de la nature (saisonnalité, maturité) et de l’environnement (rendement, surproduction animales, émission de gaz à effet de serre, …).